jeudi 17 mars 2022

on va voir l'autre - Victor Plantey

on va voir l'autre, on est surpris de se retrouver nez à nez avec elle. pas plus tard qu'il y a quelques secondes j'étais chez moi, et je me suis dit que j'allais sortir. puis après je l'ai vu qui sortait du boulot, pas loin de chez moi. elle était de dos, j'aurais pu la laisser partir. un mouvement m'a fait aller vers elle, et je me suis dit que j'allais bientôt être surpris d'être face à elle, rentrant dans une rencontre avec elle. en effet c'est surprenant, on se retrouve vite le visage proche l'un de l'autre, et puis après il y a quand nous partons. quand nous nous sommes séparés. c'est surprenant aussi la séparation, car on dirait que pas plus tard qu'avant nous étions ensemble. nous nous parlions. mais déjà quand nous avons commencé à parler, et même avant peut-être, il y avait cette sensation que ça allait se finir. elle m'a vu, nous étions content, on était contents de se voir dans cette belle journée. je pense que le beau ciel allait bien avec nous comme ça. on s'est souri, c'était un sourire du genre on va exister, on va pouvoir exister et en plus il fait beau. beau ciel bleu. et puis après on s'en est allé mais dés les premières phrases on sentait, on sentait pas qu'on parlait vraiment. c'était peut-être même avant, quand je me suis approché d'elle. ça allait commencer, mais pourtant quelque chose était terminé dés le départ. ce n'est pas terminé non plus. on continue. c'est quelque chose qui ne commence pas. qui ne finit pas. on se demande alors ce qu'il se passe. c'est une approche, c'est ça qu'il se passe. c'est l'approche d'une approchée seulement mais de quoi. on dirait seulement d'une venue, d'un mouvement sans début ni fin, et puis après un éloignement. ensuite elle retournerait à sa tristesse. une fois loupé le coche on ne saurait plus quoi dire. il faudrait mettre ses phrases au bon endroit. il faudra trouver les bons mots pour être avec elle. peut-être il faudrait se taire. il y a en tout cas un coche qu'on raterait. et puis après ce sera trop tard. il faut comme tenir en suspens. qu'est-ce que je dois tenir en suspens. alors que c'est  terminé. je dois tenir en suspens de nous pendre dans nos bouches. et ces histoires de venir, de s'en aller. on s'est parlé de prendre un café. je sais plus ce qu'on a dit. quelque chose retombera ensuite. ce sera la nuit noire avec ses démons. ses démons vont ressortir le soir. il faut être attentif en cas où une vraie parole sortirait. il y a des moments où on dit des vraies choses. ou peut-être s'agit-il plutôt de se taire. il y a des moments où on se terrerait et la parole avec. pardon pour ses apories. mais il faut voir la parole comme un truc poreux. une éponge qui gonfle avec quelqu'un qui avance dedans. qui se rapproche d'elle, pas à pas, sur le sol pierreux. avec le temps spécial et beau qui l'éclaire. et juste avant j'étais chez moi, et un soulèvement de mon corps, m'a fait sortir de chez moi. tout comme quand je suis allé, quelque chose m'a comme tiré vers elle. et je lui ai souri, presque automatiquement. un sourire que j'ai dégainé comme ça. elle a toujours été avant moi. on cherche à naître. on est avant la naissance. mais c'est en même temps. et c'est après. on aurait pas du formuler ça comme ça. on aurait rien du formuler. on préférerait ne pas dire, ni faire. on se reformerait avec nos mains. je m'approche d'elle. c'est comme une attente. et une éteinte aussi. un regret. c'est une approche qui s'approche. je me rapproche de ce mouvement. puis mon éloignement. l'éloignement semble être mêlé à l'approche. dans le ciel bleu de la belle journée, dans Marseille, dans nos vies dans Marseille. Ces nuits qu'on a, ces nuits qui font bien vies. vies belles dans la beauté de Marseille. J'ai vu sa vie. J'ai vu nos nuits, on s'est regardé nos nuits, sachant que quelque chose était comme en train de partir aussi. le sourire allait avec la belle journée. c'est comme automatique. c'était même avant nous. avant que je naisse. il y a quelqu'un arrivé après. qui reformule la chose; il se rapproche que de son baragouinement. Comment il remâche ça. puis il se crache dedans. mais d'abord il doit commencer. J'ai mis un pied dans l'escalier. Et dés ce pied j'étais avec elle on dirait. meme avant le pied. j'ai vu une mendiante et je suis partie. elle m'a demandée du lait pour son bébé et j'ai dit j'ai que ça tenez. puis après je suis reparti. ou je ne sais pas ce qu'elle m'a demandé. ensuite elle retomberait dans le noir. je dis la tristesse et le noir mais qu'est-ce que j'en sais. j'ai comme déjà raté le coche dés le départ. je sais néanmoins qu'il faut tenir quelque chose en suspens. il y a maintenant cette joie de se voir. et cette existence, et cette belle journée. c'est tout d'un, tout semble venir d'un seul coup. on dirait à la fois que ça ne vient pas, ou que c'était déjà là avant. qu'il y avait toute cette chose à priori. nous, à Marseille, ses problèmes, nos vies dans nos corps, sur la pierre, dans le ciel bleu. une rencontre un peu au hasard. qu'est-ce qui a fait que je suis arrivé vers elle. qu'elle m'a aperçu. c'est surprenant  parce que ça ne s'est pas passé vraiment. j'étais déjà avec elle avant. mais moi je n'ai jamais été avec moi. je me suis coupé la chique avant. mais je me suis rapproché de l'autre quand même. car ça ne me coupe pas vraiment la chique. c'est une parole qui s'étire. c'est un mouvement sans bords, sans points. j'ai essayé d'articuler quelques choses. pour ne pas que ça retombe trop vite. ou peut-être était-ce pour tomber. je ne sais pas de quoi j'ai peur avec elle. de mourir ou de ne pas mourir ou de formuler la chose ainsi, c'est une peur comme une honte. on voit vraiment pas de quoi on aurait honte si ça ne se formule pas ainsi. si la mort est cette vie et que les deux termes ne veulent rien dire. sa tristesse par exemple elle ressemble à ce ciel bleu. je sais pas ce que je veux dire par cela, tristesse. tristesse c'est quand on dit hier j'étais triste. c'est pas un truc au présent. je sais qu'il y aura des moments orageux mais là on est dans la belle journée et le bonheur. "bonheur". on dirait que les moments orageux j'en parlerai comme je parlerai de ce ciel. que je confonds un peu cette mort qui va arriver et puis cette vie là. mais je ne confonds pas totalement. je maintiens quelque chose. il y a quelque chose en suspens dans notre sourire. c'est comme un sourire avant nous. c'est la journée bleue qui ressemble à du noir. le terme bonheur et tristesse ce sont des mots pour voir qu'on est dans la nuit. et qu'elle s'ouvre aujourd'hui. un ciel ça ne se demande pas si ça existe, ça pousse, ça existe. ça ne se dirait même pas qu'il y a une contradiction. c'est le désaccord total. ce n'est pas vraiment le mal dans le bien. c'est un peu ça, mais c'est au point de confondre les deux, de ne plus savoir vraiment ce qu'on voudrait. c'est sans ces mots là. il y à tout qui va commencer. car ça n'a pas commencé encore, et ça n'a pas terminé, malgré que ça commence et que ça termine, tout le temps. il y a quelque chose qui avance, qui s'approche, nous allons nous voir. nous allons voir des choses nouvelles. jeunes. les orages qu'on connait qui viendront, et le fait qu'on ne les connait pas bien, seulement en rapport avec cette belle journée. que cette pensée d'orages passe, qu'elle met en lumière ce beau ciel, le leurre de ce ciel peut-être mais le leurre de l'orage aussi. que l'un et l'autre semble se tenir la main mais dans quelque chose qui confond même ces termes de bien et mal. mais le ciel comme une nuit dans laquelle on entre, plein de possibilités parce que sans mots.

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire